lundi 29 janvier 2024

gras et ses dérivés

 Lettre G, page 995.

Le mot gras vient du latin crassus signifiant à l'origine « épais », mais employé comme terme expressif pour signifier « gros » ; ce terme a évincé pinguis.

Le nom (une) graisse vient du bas latin crassia formé sur crassus.

Le verbe graisser, formé sur graisse d'après engraisser, a supplanté oindre dans l'usage courant.

Le verbe dégraisser a été formé comme antonyme d'engraisser. D'où : un dégras.

Le verbe engraisser vient du latin populaire incrassiare devenu ingrassiare (voir aussi gras) issu du bas latin incrassare « engraisser » au propre et au figuré (en latin classique crassus « gras »). D'où : un engrais.

Le nom (un) gras-double est composé de gras et de double (une espèce de tripe qui provient du premier ventricule des ruminants).

Le nom (un) gras-fondu est composé de gras et de fondu participe passé de fondre d'après l'ancien français graisse-fondre (à comparer avec se graisse-fondre « se liquéfier, fondre de chaleur »).

Voir aussi : grassement, une grasserie, grasset, grassette, grasseyer, grassouillet. 

dimanche 28 janvier 2024

un fret et il fait fret

Lettre F, page 496.

Le nom (un) fret est emprunté au moyen néerlandais vrecht, vracht « cargaison (d'un bateau) ; prix du transport par bateau ».

Les verbes affréter et fréter sont dérivés de fret.

Le nom (un) nolis ou naulage (= le fret d'un navire, d'une barque) est emprunté, par l'intermédiaire de l'ancien provençal nolit, noli au catalan nolit qui représente probablement la forme d'origine, le t de nolit étant dû à l'influence de latinismes de la langue juridique catalane tels que dèbit, dipòsit, etc.: noli serait dérivé de latin vulgaire nauliare, dérivé de naulum « fret ». D'où un avion nolisé, un charter, un nolisement ou nolissement, un affrètement, et noliser, affréter, fréter un navire.

Quant à fret, frette, pour froid, froide, qui serait un québécisme (un fret noir : un froid vif), l'Office québécois de la langue française m'invite à étudier 378 fiches pour fret et autant pour frette ! Le Dictionnaire historique du français québécois ne le mentionnant pas, je découvre enfin que le Wiktionnaire l'indique comme désuet.

Pour terminer, je signale ce commentaire à propos du Dictionnaire québécois-français de Lionel Meney

Mais le Dictionnaire québécois français n’est pas que sérieux : on y rit passablement en apprenant à distinguer les nuances entre “frais, froid, fret et fret en tabarnak” ou par le biais de rubriques humoristiques dont les blagues ne peuvent être comprises que par le sens québécois donné aux mots.


 

samedi 27 janvier 2024

éligobiotique

 Lettre E, page 208.

Au Journal officiel de la République française du 16/01/2020, on a lu qu'un éligobiotique : [santé et médecine / pharmacologie] est un antibiotique de synthèse formé de l’enveloppe d’un bactériophage contenant une enzyme de type nucléase qui élimine spécifiquement une bactérie en détruisant son ADN. L’endodésoxyribonucléase 9 est un exemple de nucléase qui détruit l’ADN de la bactérie ciblée. Dans l’intestin, un éligobiotique assure l’élimination des bactéries pathogènes tout en laissant le reste du microbiote intact, ce qui permet à la flore intestinale de retrouver un équilibre sain. L’utilisation d’un éligobiotique est une phagothérapie. Voir aussi : bactériophage, endodésoxyribonucléase 9, phagothérapie. 

Dommage que la Commission d'enrichissement de la langue française ne fournisse pas d'indication sur la formation des néologismes. Le Wiktionnaire déplore une étymologie manquante. L'Office québécois de la langue française ne donne même pas d'équivalent en anglais.

C'est l'Académie nationale de Pharmacie qui indique l'étymologie : eligo- du latin elĭgĕre, arracher en cueillant, enlever, ôter, choisir, trier, élire ; bio- du grec βιος bios vie en soi, existence, et -ique du grec –ικός –ikós suffixe d’adjectif, dérivant d’un substantif. La définition diffère : Antibiotique de synthèse élaboré à partir de l’enveloppe d’un bactériophage reconnaissant spécifiquement un type de bactérie dans laquelle est placée une nucléase qui élimine la bactérie ainsi ciblée en détruisant son ADN. L’endodésoxyribonucléase 9 est un exemple de nucléase qui détruit l’ADN de la bactérie ciblée. Dans l’intestin, un éligobiotique assure l’élimination des bactéries pathogènes, tout en laissant le reste du microbiote intact, ce qui permet à la flore intestinale de retrouver un équilibre sain. Les éligobiotiques, qui permettent une phagothérapie ciblée, sont plus efficaces que les antibiotiques usuels.

vendredi 26 janvier 2024

se dégingander

Lettre D, page 212.

Le verbe se dégingander,  avoir une démarche, une allure à la fois relâchée et sautillante, se laisser aller maladroitement, notamment en raison de sa grande taille étirée, manquer de tenue, est une altération, probablement sous l'influence du moyen français giguer « folâtrer » (voir : guinguette), de dehingander « disloquer », d'origine obscure. D'où : dégingandé, un dégingandage ou dégingandement. 

L'Office québécois de la langue française, précisant que ces mots se prononcent comme ils s'écrivent, estime qu'il est probable qu’ils soient d’origine germanique. 


jeudi 25 janvier 2024

Pour ne rien cacher

Lettre C, page 20.

La famille du verbe cacher est très étendue. 

Le nom (un) cacha ou cachat,  un fromage pétri qui acquiert par fermentation un gout extrêmement piquant, est emprunté au provençal moderne cachat, de cachar « écraser, presser », du latin coactare « forcer » fréquentatif de cogere (cacher).

On lit cachard pour cachottier, sournois, et cachément, d'une manière cachée, en cachette.

Une cache (2) est un lieu secret propre à cacher quelque chose ou quelqu'un, à se cacher ;  un objet propre à cacher quelque chose.

Un cache est un objet qui fait écran, et selon le Journal officiel de la République française du 20/04/2007,  une mémoire ou une partie de mémoire dans laquelle sont stockés de façon temporaire les données ou les programmes les plus fréquemment ou les plus récemment utilisés, que l'ordinateur peut interroger afin de réduire les temps de réponse. Parmi les caches les plus utilisés, on trouve les antémémoires ou mémoires caches, les caches situés sur disque, ceux destinés à améliorer les performances des disques eux-mêmes (cache-disque), ainsi que des zones de la mémoire principale qu'occupent certains logiciels. En anglais : cache. Voir aussi : antémémoire, cache-disque, cache-toile, disque dur hybride. On lit aussi une mémoire cache (en informatique)

L'adjectif caché signifie qu'on ne peut pas voir ou qu'on ne peut pas connaitre ou comprendre immédiatement.

Une cachemite est un jeu d'enfant, en cachemite signifie en cachette, une, un cachemitte ou un cachemar, cachemince est un cachot.

Une cacherie est définie comme le soin de se cacher.

Pour les noms composés avec cache- (une forme de cacher), il est recommandé d'accorder, au singulier et au pluriel, le nom avec le déterminant : un cache-aiguille, un cache-adent, un cache-borne, un cache-brassière, un cache-chignon, un cache-clavette, un cache-cœur, un cache-col ou un cache-cou, un cache-corset, un cache-couture, un cache-disque, une, un cache-douille, un cache-entrée, un cache-éperon, un cache-épouti,  un cache-fente, un cache-feu, un cache-flamme, une, un cache-folie, un cache-fri-fri, un cache-fringue ou cache-frusque, un cache-lumière, un cachemagne ou cache-maille, un cache-maillot, un cache-mèche, un cache-misère, un cache-museau, un cache-musette, un cache-nez, un cache-œil, des cache-yeux, un cache-peigne, un cache-platine, un cache-point, un cache-pot,  à cache-pot, un cache-pou, un cache-poussière, un cache-prise, un cache-radiateur, cache-sexe, un cache-sottise (une barbe !), un cache-tampon, un cache-toile, un cache-vis.  

Vous connaissez le (jeu de) cache-cache. Le cache-cache mitoulas ou cache-mitoulas, cligne-musette,  furet, consiste à se passer secrètement un objet que le joueur désigné doit localiser.

Le verbe cacher vient du latin coacticare. Le sens de « dissimuler », peu fréquent jusqu'au 16ème siècle est dérivé de celui de « presser, comprimer » ; cacher a fini par supplanter en ce sens les verbes escondre, esconser et musser. 

crypt- est tiré du grec κ ρ υ π τ ο ́ ς « caché ».

Le verbe dissimuler est emprunté au latin classique dissimulare « cacher, dissimuler ».

Le verbe écacher (= aplatir ; écraser) est dérivé de cacher, au sens de « écraser, fouler » qu'on peut lui attribuer en ancien français d'après son étymon coacticare, dérivé de coactare « comprimer ».

Le nom (un) guichet est probablement un diminutif de l'ancien nordique vik « baie » d'où « cachette, recoin ».

Le nom (un) hidjab ou hijab (= un voile porté par des musulmanes) est dérivé de la racine ḥ-j-b, hadjaba qui signifie « dérober au regard, cacher ».

Le nom (un) krypton (= un gaz rare ; un élément chimique) est formé sur le grec κ ρ υ π τ ο ́ ς « caché ».

Le nom (un) lanthane (= un métal ; un élément chimique) est la francisation du latin scientifique lant(h)anum, lant(h)anium, lui-même du grec λ α ν α ́ θ ν ε ι ν « être, demeurer caché », ce métal étant difficile à isoler. D'où un lanthanide , le nom générique des éléments contenus dans les minerais dits terres rares.

Le mot latent (= qui n'est pas manifeste, qui reste caché, mais demeure susceptible d'apparaitre, de se manifester ; qui est caché, secret) est emprunté au latin latens « caché, secret, mystérieux », participe présent de latere « être caché, obscur, inconnu ». D'où une latence, l'état ou le caractère de ce qui est caché, latent ; un fait latent.

Le verbe mucher ou musser, cacher, dissimuler, vient du gaulois mukyare « cacher », formé sur un radical de base mûc- d'origine celtique. D'où une musse, une cachette, un lieu secret ; un passage étroit ; un passage dans une haie pour le petit gibier, et à muche-pot ou à musse-pot, en cachette.

Le mot occulte est emprunté au latin occultus « caché, secret ».

Le verbe pallier est emprunté au bas latin palliare « proprement couvrir d'un manteau », d'où « cacher, pallier ».

Le mot secret est emprunté au latin secretus « spécial; distinct ; à l'écart, solitaire, isolé ; caché, secret ».

Le nom (un) cachet est dérivé du radical de cacher pris au sens de « presser ». D'où : un cachetage, cacheté, cacheter, un cacheton. Le verbe décacheter est dérivé de cacheter. D'où : un décachetage, recacheter.

Le nom (une) cachette est dérivé du radical de cacher au sens de « dérober à la vue »

Le nom (un) guichet est probablement un diminutif de l'ancien nordique vik « baie » d'où « cachette, recoin ».

Le nom (un) cachot est dérivé du radical de cacher. D'où : cachotter, cachotterie, cachottier.

Le nom (un) mitard (= un cachot d'une prison ; une cellule disciplinaire) est dérivé de l'argot mite « cachot ».

Mots ressemblants :

Le nom (un) cachalot est probablement emprunté à l'espagnol cachalote, emprunté au portugais cachalote, aussi cacholote, dérivé de cachola « grosse tête ».

Le nom une cache (1), un filet de pêche tendu sur des piquets en forme de palis ou un filet empêchant la sortie fortuite du gibier, est une forme normanno-picarde de chasse.

Une cachectine est une protéine sécrétée par les macrophages stimulés, capable de participer à la destruction de cellules tumorales.

Le mot espagnol cachetero « torero qui tue le taureau avec un poignard » « poignard » est dérivé de cachete « poignard ».

Le mot cachectique est emprunté au bas latin cachecticus, lui-même emprunté au grec κ α χ ε κ τ ι κ ο ́ ς. Le nom (une) cachexie,  un état extrême de maigreur observé après carence alimentaire grave et prolongée ainsi qu’à la phase terminale de maladies infectieuses ou néoplasiques malignes, est emprunté au bas latin cachexia, lui-même emprunté au grec κ α χ ε ξ ι ́ α. On lit aussi : cachectisant, cachectiser.

Le nom (un) cachef, un administrateur de district égyptien, est emprunté à l'arabe kāšif « chef de district (en Égypte) ».

Le Cachemire est le nom français de la région montagneuse partagée entre la République indienne et le Pakistan, de la province du Kashmir au nord-ouest de l'Inde, ou de celui de sa capitale. D'où le cachemire.

Le nom (un)  cachicame, un mammifère d'Amérique ressemblant au tatou est l'adaptation française d'un mot caraïbe.

Le nom (un) cachiman ou cachimentier, corossolier réticulé, un arbre tropical, de la famille des anonacées, dont le fruit est le corossol, vient d'un terme du créole des Antilles. Le cachiment ou cochiman, corossol est son fruit comestible.

Le nom (un) cachou, une substance aromatique extraite du bois et des gousses fraîches de l'acacia catechu (le cachoutier), une pastille brune aromatisée au cachou,  un produit extrait de la noix d'arec, est emprunté au portugais cacho, lui-même probablement emprunté au tamoul kāšu, qui remonte au sanskrit kvath « faire bouillir ». C'est aussi le nom d'un arbrisseau.

Le nom (un) cachundé, une tablette aromatique employée, comme le cachou, pour parfumer l'haleine, est emprunté au portugais cachondé, cachundé « sorte de cachou », composé de cacho (cachou) et du malais ondeh « gâteau ».

Une cachucha est une danse populaire espagnole.

mercredi 24 janvier 2024

branche-ursine, branc-ursine, branque-ursine

 Lettre B, page 670.

Une branche-ursine ou branc-ursine, branque-ursine est une acanthe sans épines, dont la feuille présente une forme qui rappelle celle de la patte d'ours. Ce nom est emprunté au latin médiéval branca ursina composé de branca « patte » (voir branche) et de ursinus dérivé de ursus (ours).

Le dictionnaire des sciences animales rattache les dénominations berce spondyle, branc-ursine, fausse acanthe, grande berce, herbe du diable, panais sauvage, patte d'oie et patte-d'ours à la berce commune, de la famille des apiacée (0,50 à 2 m), une herbe vivace commune des prairies et lisières dont les feuilles très grandes sont lobées, les fleurs blanches sont en ombelles et le fruit est un diakène. Elle est classée comme plante médicinale et plante toxique.

Cependant la berce des prés est aussi appelée fausse branc-ursine (CNRTL).

Pour le Wiktionnaire, c'est un des noms de la berce sphondyle et le nom vernaculaire de l'acanthe.

Tela Botanica dénomme aussi cette plante Heracleum sphondylium avec de nombreuses autres désignations, en précisant que cette espèce sert, dans le Nord, à fabriquer une liqueur alcoolique.

Argo, Argos et argot

Aujourd'hui : lettre A, page 1167.

Les Argonautes sont les compagnons de Jason qui s'embarquèrent sur le vaisseau Argo, pour s'emparer de la Toison d'Or. D'où l'emploi comme nom commun pour d'audacieux navigateurs qui partent à la découverte d'un pays ou d'une contrée inconnus, celle, celui qui pousse ses recherches au-delà de ce qui existe, celle, celui qui découvre, et... des mollusques.

L'adjectif argonien se rapporte à la constellation Argo.

L'adjectif argien est relatif à Argos, une ville de la Grèce antique ou de l'Argolide, d'où la signification de grec. Le système Argos (y a-t-il un rapport ?) est un système mondial de localisation et de collecte de données géo-positionnées par satellite.

Le nom (un) argot (1) est une ancienne forme d'ergot, c'est un chicot, une partie de bois mort au-dessus de l'œil d'une branche dans un arbre imparfaitement élagué. D'où : argoter (1) : couper les argots, la partie morte d'une branche.

L'origine du nom (un) argot (2) est obscure, voir des hypothèses. Les sens ont évolué de l'ensemble des gueux, bohémiens, mendiants professionnels, voleurs, à une langue verte, un langage particulier aux malfaiteurs, une langue créée à partir de la langue commune par application d'un procédé mécanique, un langage ou un vocabulaire particulier qui se crée à l'intérieur de groupes sociaux ou socio-professionnels déterminés et par lequel l'individu affiche son appartenance au groupe et se distingue de la masse des sujets parlants, tout signe de convention servant à correspondre secrètement , toute action ou manière de se comporter, convenue, particulière aux personnes d'une même catégorie et leur permettant de se comprendre, et une langue de spécialiste.

Le verlan est ce que l'on nomme un argot à clef, c'est-à-dire qu'il repose sur un système d'encodage fixe. Mais il n'est pas le seul exemple de ce type : l'anglais connaît le rhyming slang, le bambara emploie le nkosoro. Mais il existe encore d'autres argots à clef français anciens. Figurent dans cette page : le largonji, le largonjem ou louchébem, le cadogan, le javanais. En savoir plus : site de Dominique Didier.

On note le verbe argoter (2), un argoteur ou argotier (1) : une personne parlant argot, une argotière, un argotier (2) pour une gueuse ou un gueux, une voleuse ou un voleur, une mendiante ou un mendiant, etc.,  argotique, argotiser, un argotisme, une argotiste ou argotière, un argotiste ou argotier (3) pour une, un spécialiste de l'étude de l'argot.

Pour l'argot français classique (plus de 34 000 mots d’argot de 1827 à 1907, voir : Argoji

De nombreux mots argotiques figurent dans le mégadictionnaire de la langue française.


gras et ses dérivés

 Lettre G, page 995. Le mot gras vient du latin crassus signifiant à l'origine « épais », mais employé comme terme expressif pour signif...